Mes sincères condoléances

Publié le 11 Avril 2022

Bonjour à tous,

Mes sincères condoléances : 

Pourquoi nous ne devrions plus dire ces trois petits mots. Ils représentent le fait que l'on prend part à la douleur de quelqu'un. C'est un témoignage de regret par lequel on montre qu'on prend part au chagrin d'autrui lors du décès de l'un de ses proches. 

Il se fait par le biais d'une petite carte, d'un petit mot ou encore l'envoi d'un SMS afin d'attester du soutien ou de la compassion pour la perte d'un être cher. Il sous-entend donc que la personne est avec vous dans la douleur.

Certes, il est difficile de trouver les mots justes dans de telles circonstances, cependant ces simples trois petits mots peuvent raisonner bien plus forts qu'on ne le pense, qu'ils soient écrits sur une carte ou un mot ou qu'ils soient entendus de vive voix. Rien qu'en entendant ces trois mots, on a envie de fondre en larmes. Il en est de même lorsque vous ouvrez une, deux puis trois, quatre, cinq, dix ou vingt enveloppent contenant ces petites cartes qui mentionnent toutes la même chose : mes sincères condoléances...

D'où vient cette expression ?

Du vieux français se condouloir. Issu du latin dolere qui signifie souffrir et du préfixe cum : avec. Autrefois, tout un protocole était présent dans "la bonne manière" de présenter son empathie dans le départ d'un être cher concernant une personne plus ou moins proche. La visite à la famille, le convoi funéraire, l'envoi des fleurs et la lettre de soutien. C'est cette dernière qui est l'ancêtre de la carte de condoléance actuelle. Certes les choses se sont simplifiées mais n'ont pas pour autant évoluées.

Même si la bienséance veut que l'on présente nos condoléances afin de montrer sa compassion et sa préoccupation à la personne endeuillée, elle ne se résume pas seulement à dire ces trois petits mots qui n'ont finalement aucune empathie et qui restent somme toute basiques. Ils ressemblent à une formule toute faite dont on se sert lorsque rien d'autre ne nous vient à l'esprit. Comme si, la personne présentant ses condoléances avait eu la fainéantise de chercher d'autres mots qui de surcroît toucheraient profondément la personne endeuillée. 

Alors quelle formule ou quels mots doit-on employer ?

S'il n'est pas de bon usage de dire à quelqu'un qui vient de perdre une personne chère à son coeur "ne vous inquiétez pas vous vous sentirez bientôt mieux", il n'est pas non plus convenable de dire "il est mieux là où il est" ou encore "je sais ce que vous ressentez". En effet, à part si on est certain des croyances du défunt pour un éventuel au-delà, pour la famille endeuillée c'est une toute autre histoire car la perte est bien réelle. 

Afin d'éviter le trop célèbre "toutes mes condoléances" et ne pas dire trop de paroles qui pourraient sembler déplacées ou mal perçues par la famille, il convient peut-être dans un premier temps de prendre en compte le degré d'intimité. Vous n'agirez pas de la même manière si vous êtes de la famille du défunt que si vous présentez votre soutien à un collègue, un voisin ou des relations plus lointaines.

Au-delà des mots, votre simple présence peut suffire pour rassurer et proposer votre aide si le besoin s'en fait sentir. Un geste, un sourire, une accolade peut témoigner de l'attention que vous portez à la personne endeuillée. Proposer son aide, être discret et faire livrer des fleurs restent la base incontournable d'un savoir être lors de ce genre de manifestation. Enfin le registre de condoléance permet d'écrire un petit mot chaleureux écrit avec le coeur, que la famille aura plaisir à lire après la cérémonie (à part s'il est écrit "toutes mes condoléances" !). Un trait d'humour pourra même - éventuellement - y être apporté. 

Le deuil en 2022 :

Dans notre culture, la mort est encore de nos jours considérée comme étant une étape d'extrême tristesse associée aux pleurs. Il est vrai que la personne disparue ne sera plus présente physiquement et que c'est cette idée qui crée le manque physique. Toutefois, lorsque les étapes du deuil sont terminées, il ne reste que le souvenir du coeur. La tristesse et les pleurs ont disparu.

Cette tristesse intense même si elle semble tout à fait normale et bien légitime, dû à la perte de l'être cher est toutefois me semble-t-il amplifiée par les autres et certains événements liés à nos us et coutumes. 

L'approche de la mort et le cérémonial en matière d'obsèques diffèrent quelque peu suivant les différentes cultures. C'est avant tout la religion qui détermine le rapport à la mort et les pratiques funéraires différentes. Chaque religions, qu'elles soient juives, musulmanes, bouddhiste ou autres ont chacune des rituels et des spécificités bien distinctes. On y retrouve cependant certaines similitudes comme les fleurs (sauf chez les juifs), des dons ou des cadeaux, une certaine façon de s'habiller (souvent en blanc) et de la nourriture, beaucoup de nourriture...

Le port de vêtement blanc et parfois les fleurs blanches sont de rigueur chez les asiatiques, les hindoues, et les bouddhistes. La culture hindouiste ne fait pas de fioritures en matière d'obsèques. S'habiller en blanc est de coutume, mais pas de fleurs, pas d'offrande ni cadeaux et l'accolade est de mise, en guise de condoléances partant du principe que moins on en dit, mieux c'est.  

Dans plusieurs cultures, la mort est considérée comme un passage dans un autre monde, un processus naturel qui rend les obsèques moins tristes et qui, par le fait, est célébrée. Pour les Argentins le corps du défunt est transporté dans une maison funéraire très confortable pour toute la famille où la fête est de rigueur. On chante, on danse, on boit pour célébrer l'arrivée du défunt au paradis.

Cette façon que l'on a dans notre culture de percevoir la mort est plus que désuète. Ce passage de vie à trépas signifie pour encore un grand nombre de personnes la fin de la vie. Il est vrai que si on pense n'avoir qu'une seule vie c'est bien triste ! Cependant, il est également incontestable que c'est la fin d'une vie terrestre et que le corps physique de cette vie-ci ne vivra plus. 

Dans notre culture, le deuil est vu comme très sombre. Les ombres attirent les ombres. Les vêtements pour les obsèques sont de couleur sombre pour ne pas dire noire (heureusement, cela tend à changer), aucune danse, pas de célébrations ou d'offrande au corps, pas ou peu de musique, et lorsqu'elle est présente, c'est pour nous faire pleurer de plus belle, pas de réjouissance bien sûr car la tristesse et les pleurs dominent. C'est la chute du taux vibratoire. Tout ceci n'est pas très joyeux et plombe quelque peu l'ambiance.

Alors oui, bien sûr qu'il est normal d'éprouver de la tristesse et de pleurer lorsque l'on perd un être cher. On est tous passé par cette douloureuse expérience. Toutefois, doit-on pleurer du début à la fin ou faire une tronche d'enterrement pendant six mois, un an ou plus ? Ne pourrait-on envisager comme c'est le cas dans d'autres cultures, de penser que la mort n'est qu'un passage vers un autre monde et non pas une fin en soi. Ne pourrait-on envisager de remercier le corps physique d'avoir accompagner cette petite âme ? Et ne pourrait-il être envisagé de festoyer autour d'un bon repas, de chanter et danser ensemble afin de mettre un peu de lumière sur ce passage au lieu de la noirceur qui y règne habituellement ? 

Je souhaite que lors de mes obsèques, après avoir versé la petite larme traditionnelle, que mes proches se rassemblent (oui un enterrement n'est pas un lieu de voyeurisme) pour échanger sur le souvenir qu'ils ont de moi. Et je les voient danser et chanter "Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire...".

Résumé :

Même si les formules de condoléances adaptées permettent à la fois de simplifier les choses et d'éviter quelques maladresses, il est aussi possible et envisageable de montrer son soutien dans un message de sympathie simple mais efficace dès l'instant qu'il est formulé avec le coeur et non avec bienséance. Les fleurs, l'attitude, les gestes, les accolades sont là pour montrer toute l'affection portée à la personne endeuillée et éviter le perpétuel et impersonnel "toutes mes condoléances"...

Enfin, même conditionnée par notre culture, il est toutefois possible de faire une dérogation à la règle puisque comme le stipule le bouddhisme, tout est impermanent. Il est dailleurs de mise pour la famille du défunt de porter du blanc lors des obsèques (le noir est pour les autres), d'apporter des fleurs blanches et d'effectuer une révérence vers le corps en guise de gratitude concernant l'impermanence...

 

Bien à vous ...

 

 

Rédigé par Myriam

Publié dans #partage

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article